Sujet de thèse

Religion, politique et identités dans le Mexique post-révolutionnaire (1938-1968).

Sous la direction de Geneviève Verdo (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne-Mondes Américains/CRALMI) et la co-direction d'Elisa Cárdenas Ayala (Universidad de Guadalajara).

 

Financement de la thèse : Contrat doctoral ENS (2022-2025)

Résumé

Mon travail de thèse porte sur les interactions entre religion, politique et identités au Mexique entre 1938 et 1968. Alors que la population mexicaine est très majoritairement marquée par un catholicisme dévotionnel qui imprègne de nombreuses couches du monde social, la place de la religion vis-à-vis du politique et sa portée dans la construction des identités restent pourtant à définir au seuil des années 1940, après plusieurs décennies de remise en cause violente de la légitimité du catholicisme à constituer un projet politique et le support d’imaginaires sociaux.
Passées les différentes vagues de persécution anticléricale durant la période révolutionnaire, une nouvelle ère s’ouvre en effet pour les catholiques mexicains : désormais majoritairement prêts à composer avec l’État issu de la Révolution, ils demeurent pour autant soucieux de préserver les intérêts de leur communauté et de conserver la maîtrise de la définition des identités au sein desquelles ils s’inscrivent. Jusqu’alors peu étudiée par une historiographie polarisée par la période révolutionnaire, cette époque d’apaisement apparent de la relation entre les catholiques et le pouvoir politique n’en est pas moins marquée par la reconstitution d’une certaine hégémonie sociale de l’Église mexicaine, jusqu’à ce que la religion regagne un poids significatif dans le rapport qu’entretiennent les Mexicains au politique et aux identités. L’interaction entre religion, politique et identités se révèle néanmoins d’autant plus complexe si l’on prend soin d’intégrer à la réflexion la diversité des acteurs qui la font vivre (des fidèles aux militants, ecclésiastiques comme laïcs, hommes comme femmes), la multiplicité des échelles au sein desquelles ceux-ci agissent (du local au transnational) et la consolidation progressive d’une certaine pluralité religieuse.
Mon travail cherche donc à mieux cerner la place socio-politique des catholiques dans le Mexique post-révolutionnaire, ses implications dans la construction et la diversité des identités, tout comme les obstacles auxquels ceux-ci ont pu se heurter. Je souhaite montrer que le rapprochement entre l’Église et l’État et la relative normalisation de la place des catholiques au Mexique ne signifient ni ne représentent le recul de la politisation de la question religieuse et de ce qu'elle implique sur la manière dont se construit l'identité des divers acteurs qui la font exister comme telle.

Mots-clés : Mexique, catholicisme, papauté contemporaine, anticléricalisme, protestantisme.