Sujet de thèse

Une citoyenneté altérée ? Les Français de l’étranger et l’expression de la francité en Amérique sud atlantique, 1840-1890.

Sous la direction de Geneviève Verdo (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne-Mondes Américains/CRALMI) et la co-direction de Quentin Deluermoz (Université Paris Cité-ICT).

Financement de la thèse : Contrat doctoral de l'universié Paris 1 Panthéon-Sorbonne
(2023-2026)

Résumé

Cette thèse a pour objet d’analyser le statut des Français résidant en Amérique sud-atlantique (Argentine, Uruguay, Brésil). Grâce aux outils de l’histoire transnationale, comparée et atlantique, il s’agit d’éclairer et de comprendre les ambiguïtés autour de la francité entendue comme une façon d’être et de se sentir français. Les Français résidents de l’Argentine, de l’Uruguay ou du Brésil ont la nationalité française, parfois par filiation, mais sont-ils encore pleinement citoyens ? Dans la mesure où ils ne sont pas exclusivement subordonnés à l’État français de par leur lieu de résidence, le lien politique d’allégeance se dissout dans la distance et vient se confronter aux traditions et pratiques juridiques latinoaméricaines. Ils sont porteurs de ce que nous proposons d’appeler une « citoyenneté altérée », altérée par la distance et par les paradoxes inhérents à leur citoyenneté et leur nationalité, notions en construction de part et d’autre de l’Atlantique. Notre recherche ambitionne de revoir la définition de cette citoyenneté à la lumière du droit français et latinoaméricain, avec leurs spécificités et leurs évolutions, mais aussi à mettre en lumière l’exercice de cette citoyenneté, de ses droits et de ses devoirs. Notre attention est portée autant sur les dynamiques institutionnelles, la pratique juridique et consulaire que sur les individus. C’est donc une histoire au ras des acteurs et des pratiques. Ainsi, les principes juridiques, leur application et les contextes locaux entre prise d’armes, guerres et manifestations émotionnelles collectives constituent des laboratoires d’analyse de la construction d’une citoyenneté de l’entre-deux qui redéfinit les contours de la nationalité. En cela, notre thèse se place dans une perspective transnationale et atlantique au service d’une relecture conjointe des historiographies françaises et latinoaméricaines sur la citoyenneté, la nationalité ou encore la présence française à l’étranger.

Le cadre temporel choisi correspond à une période d’intensification des mouvements migratoires français vers l’Amérique sud-atlantique et par conséquent l’augmentation de la présence française. Le contexte politique et militaire, notamment au Rio de la Plata est marqué par des guerres civiles et des micro-conflits locaux. C’est aussi une période d’offensive impérialiste franco-britannique avec des blocus portuaires. Sur le plan juridique, sur les deux rives de l’Atlantique le droit sur la citoyenneté et la nationalité évolue et s’adapte au fil des situations locales. La loi française sur la nationalité de 1889 aborde un nouveau chapitre de la définition du statut de Français et constitue ainsi un terminus ad quem pour notre réflexion.

Mots-clés : Citoyenneté – Français – Nationalité – Rio de la Plata - Brésil