Sujet de thèse

Face aux ruptures d’empires : fabrique et politique des savoirs naturalistes dans les voyages français entre Caraïbes et Amérique hispanique (1791-1848).
Sous la direction de Clément Thibaud (EHESS-Mondes Américains/CERMA)
et la co-direction d'Hélène Blais (ENS-IHMC).

Financement de la thèse

Contrat doctoral de l’EHESS (2023-2026)

Résumé

Cette thèse cherche à analyser les nouvelles modalités de construction et de mobilisation politique des savoirs naturalistes dans le contexte de transformation du monde atlantique qu’est « l’âge des révolutions » (années 1790-1850). Alors que l’empire français connaît un déclin provisoire et que les républiques haïtienne et hispano-américaines s’émancipent, un temps d’échanges scientifiques transnationaux s’ouvre entre les deux rives de l’Atlantique.
Les savoirs issus des différentes branches de l’histoire naturelle sont au cœur de ces circulations, toujours asymétriques par-delà les indépendances. À partir d’une histoire politique, matérielle et sociale de la production de ces savoirs dans les voyages français conduits entre Caraïbe insulaire et sous-continent sud-américain, il s’agira de mieux comprendre le changement de nature, à différentes échelles, des relations entre savoirs et pouvoirs sur la période. Jusqu’alors conçus comme « utiles » pour l’administration des empires et la justification du système esclavagiste, les savoirs naturalistes et les savoirs raciaux qui en découlent tendent désormais à être politisés au service des projets libéraux et « régénérateurs » de la période révolutionnaire et postrévolutionnaire, tels que l’abolitionnisme, le développement du libre-commerce, ou encore la colonisation républicaine en Amérique hispanique indépendante. Comment s’opère cette transformation ? Qui participe à la production de ces nouvelles connaissances ? Comment la logistique des expéditions se voit-elle reconfigurée par les bouleversements politiques de la période ? Quelles sont les conséquences de la mobilisation politique de ces savoirs naturalistes pour les sociétés atlantiques ?
À rebours d’une historiographie qui fait du Muséum parisien le grand centre vers lequel convergent tous les savoirs et objets collectés lors de ces voyages, cette recherche vise à montrer que les acteurs et actrices, institutions et espaces caribéens et sud-américains constituent autant de centres pour l’organisation politique, logistique et scientifique de la production et de la circulation des savoirs naturalistes qui ont contribué à transformer le monde atlantique dans le premier XIXe siècle.

Mots-clés : savoirs naturalistes – voyages – révolutions atlantiques – abolitionnisme – Amérique hispanique et caribéenne