Cristina Meneguello

Professeure d'histoire, Université de l'État de São Paulo à Campinas (UNICAMP)

Douleurs à la dérive : une analyse des mémoriels en marge des initiatives officielles

Lundi 16 mai 2022, de 16h à 18h (heure de Paris)

Inspirés par l'idée de "devoir de mémoire", des mémoriels ont été créés au long du XXe siècle comme une réponse à des demandes politiques vis-à-vis d'un passé négatif. On passait ainsi du paradigme de la commémoration aux souvenirs des horreurs des guerres, génocides, actes de violence et attaques aux droits humains. Cependant, d'autres formes moins évidentes de marquer les événements difficiles du passé coexistent avec les initiatives plus courantes, soutenues par l'Etat ou par la société civile : ce sont les mémoriels spontanés qui deviennent, grâce à l'action de groupes spécifiques (familles, survivants) des mémoriels du trauma. Ils cherchent à signaler des lieux ayant été le terrain d'événements qui, traités comme des “accidents”, peuvent fonctionner comme des appels à responsabilisation et réparation.

Je traiterai des mémoriels nés à partir de trois événements récents en Amérique latine : l'incendie du supermarché Ycuá Bolaños (Asuncion, Paraguay) en août 2004, qui a causé la mort de 327 personnes ; l'incendie de la boîte de nuit Republica Cromañón (Buenos Aires, Argentine) en décembre de la même année, qui a causé la mort de 194 jeunes et l'incendie de la boîte Kiss (Santa Maria, Brésil), en 2013, causant la mort de 242 personnes, en majorité des étudiants. Dans trois pays avec des passés récents liés à des dictatures militaires, les mémoriels créés autour de ces trois incendies défient les paradigmes traditionnels des musées mémoriels et dévoilent les disputes pour le lieu de mémoire de la douleur, de la contemplation et de l'empathie dans la société contemporaine.
 

**** Conférence en portugais ****

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