Thèse

“Nosotras también nos enfiestamos”: parcours féminins dans la parenté indienne et multiplication du cycle cérémoniel d’une communauté p’urhépecha de Michoacán .
Sous la direction d'Anath Ariel de Vidas.


Résumé

La propagation des cartels de drogue dans un contexte de crise des partis traditionnels a instauré dans les dernières décennies un nouveau cadre de vie pour les populations indigènes au Mexique, donnant naissance à de n ouvelles formes d’organisation de la sphère politique en milieu rural. La communauté p’urhépecha de San Francisco Cherán dans l’État de Michoacán nous donne l’occasion de saisir les transformations enclenchées par cette « modernité indienne » dans le rapport au politique. Suite à l’appropriation de leurs biens communaux de la part de la criminalité organisée en 2011 et à l’absence de protection des autorités étatiques et fédérales, les habitants de Cherán ont riposté par les armes. Cette prise en main de leur sort et la récupération de leur territoire les ont menés à l’adoption d’un système « d’us et coutumes » pour l’élection de leurs autorités civiles. Les partis politiques, dénoncés pour avoir alimenté la division au sein de la population, la rendant ainsi vulnérable, ont été exclus de la sphère du pouvoir.
Dans la lignée de ces mesures, inspirées par le mouvement p’urhépecha de revalorisation de la culture indigène, les pratiques communautaires ont connu une nouvelle expansion, notamment les rituels festifs organisés selon un principe coutumier de coopération financière entre foyers. Ce projet de recherche vise à comprendre un tel phénomène, en relevant l’insuffisance d’explications exclusivement économiques – l’enrichissement des foyers indiens lors des dernières décennies – ou politiques – l’essor des politiques de patrimonialisation de la culture indienne – à partir du moment où celles-ci sont appliquées à des cas spécifiques. En effet, en plongeant dans les dynamiques internes aux familles indiennes et à leur interrelation, on remarque que ces célébrations jouent un rôle central dans la construction des parcours de vie individuels, notamment ceux des femmes. Pourtant, le rôle joué historiquement par celles-ci dans ces phénomènes – autant pour ce qui concerne la transmission du savoir-faire technique, que l’activité de construction de réseaux sociaux – est actuellement sous-étudié. Il s’agira ainsi dans ce projet d’intégrer l’étude des systèmes de charges locaux – thème classique de l’anthropologie mésoaméricaine – à celui des festivités du cycle de vie dans un contexte de virilocalité, afin de saisir à la fois les transformations de l’organisation communautaire contemporaine et de la condition des femmes indiennes. Une attention particulière sera posée sur les parcours de vie de ces dernières et sur leurs agissements dans l’espace publique quotidien et cérémoniel.


Mots-clés : Économie festive – Anthropologie du genre – Descendance bilatérale – P’urhépechas – Patrimonialisation