Membres | Docteurs // Post-doctorants

Frédéric Spillemaeker

Photo Frédéric Spiellemaeker
Discipline : Histoire
Centre(s) de rattachement : CERMA

Coordonnées professionnelles

fspillemaeker[at]gmail.com

Frédéric Spillemaeker est actuellement chercheur postdoctorant à l’Institut français d’études andines et responsable de l’antenne de Bogota (Colombie).


Thèmes de recherche

Histoire des révolutions, histoire atlantique, histoire de l’Amérique latine et des Caraïbes, histoire des conflits, histoire du genre.
 


Projet de recherche postdoctoral

Les politiques d’exception en Colombie pendant les guerres d’Indépendance (1810-1825) et les conflits intérieurs du XIXème siècle.

Ce projet part d’un paradoxe. Alors même que, dans les années 1810-1820, les patriotes de Nouvelle-Grenade cherchent à instaurer un nouvel ordre constitutionnel qui se substitue à celui de la Monarchie hispanique, ils sont en même temps confrontés à la nécessité de mener une guerre contre les loyalistes qui s’opposent à l’Indépendance. Or la conduite de la guerre est difficile à concilier avec le respect des normes légales qui viennent d’être proclamées, notamment avec la division des pouvoirs, d’où l’émergence, dans les Indépendances de ce qu’on peut appeler des politiques d’exception : c’est-à-dire des décisions politiques qui suspendent l’ordre légal, au nom de la nécessité de défendre la patrie. L’exception peut être définie comme le fait « d’écarter la règle applicable en raison des circonstances ou d’une finalité supérieure » (Saint-Bonnet, 2001) mais aussi « de se soustraire aux rapports normaux entre gouvernants et gouvernés » (Id.) Décidé par le pouvoir souverain sur un territoire, l’état d’exception se situe toujours à l’intersection de trois éléments : la dérogation à la loi, la référence à une situation anormale, et la conception d’une finalité supérieure. Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit souvent d’une forme de personnalisation du pouvoir : on confie les pleins pouvoirs à un seul chef politique et militaire, chargé d’être le sauveur de la patrie.

Dans un premier temps, ce projet porte en priorité sur trois périodes :

- Les mesures d’exception politiques pendant les guerres d’Indépendances elles-mêmes, au cours de la période allant de 1810 à 1825.
- La question de l’exception politique dans la République présidée par Simón Bolívar (1819-1830)
- Les pouvoirs d’exception que s’arrogent différents chefs militaires pendant las années 1830, en particulièrement pendant la guerra de los supremos, de 1839-1842

Concernant ces différentes périodes, il s’agit d’approfondir trois axes de recherche :

- On étudiera les discours portant sur ces mesures d’exception : quelles sont les justifications ou au contraire les critiques formulées à l’encontre de ces mesures, et, dans la lignée des travaux du projet Iberconceptos coordonné par Javier Fernández Sebastián, on se demandera à quel vocabulaire politiques elles correspondent. Ainsi, on examinera en particulier les articles de presse et les proclamations portant sur ces phénomènes.
- Deuxièmement, on examinera les conséquences concrètes de ces mesures dans les communautés locales, et notamment les formes d’engagement des populations, en interrogeant le concept de militarisation tels que l’ont analysé Tulio Haperín Donghi ou Alejandro Rabinovich.
- Troisièmement, on étudiera la localisation de ces phénomènes afin de contribuer à une cartographie politique des débuts de la Colombie républicaine.

Le projet se fonde sur l’analyse de sources archivistiques originales, situées essentiellement en Colombie.
 
 

Soutenance de thèse le samedi 14 novembre 2020

Valor et Fortuna : Autorités guerrières, Révolutions et Indépendances en Nouvelle-Grenade et au Venezuela (1770-1831)

Composition du jury :

• M. Clément Thibaud (Directeur de thèse), EHESS
• M. Eric Schnakenbourg (Co-directeur), Université de Nantes
• M. Walter Bruyère-Ostells, IEP Aix-en-Provence
• Mme Masha Cerovic, EHESS
• Mme Véronique Hébrard, Université de Lille
Mme Carole Leal Curiel, Universidad Simon Bolivar (Venezuela)



Résumé

L’ère des révolutions et des Indépendances en Nouvelle-Grenade et au Venezuela (1770-1831), est une époque de nouvelles politisations et de nouvelles formes d’autorités. L’historiographie a habituellement opposé les chefs indépendantistes institutionnels d’une part, aux caudillos irréguliers d’autre part. Pourtant cette opposition mérite d’être discutée. Pendant les Indépendances, des hommes nouveaux accédèrent à des fonctions de commandement militaire et parfois au pouvoir politique. Ces ascensions furent rendues possibles par une transformation des sociétés par la guerre, qui ébranlait le pouvoir des élites. Ces dernières avaient pourtant activement participé au mouvement des juntes en 1808-1810. Ces assemblées s’étaient réunies dans les cités, au nom du roi Ferdinand VII, déposé par Napoléon Bonaparte. Puis elles se divisèrent entre loyalistes et indépendantistes. La guerre civile commença, mais rapidement les villes et les élites n’y jouèrent plus les premiers rôles. De nouvelles autorités guerrières autonomes surgirent dans les campagnes et acquirent une puissance militaire inattendue. Les révoltes de l’époque coloniale avaient déjà montré la capacité des subalternes à contester les pouvoirs en place, mais ce phénomène prit une nouvelle ampleur dans les guerres d’Indépendance. Des hommes nouveaux apparurent, comme José Tomás Boves dans les grandes plaines (les Llanos) du Venezuela qui rassembla des milliers d’hommes sous son commandement. Ce phénomène n’était pas propre à un camp politique. Certains étaient royalistes : à l’instar de Boves ou d’Agualongo dans le sud de la Colombie. D’autres étaient patriotes, comme José Antonio Páez, autre homme des Llanos, ou Manuel Piar dans la province de Guayana. Leur autorité guerrière ne procédait pas d’une domination charismatique irrationnelle, mais d’un profond travail d’organisation logistique, stratégique et politique. Mis en lumière, ce travail d’organisation invite à nuancer l’opposition entre chefs institutionnels et guérilleros, car ils avaient des pratiques en partage. La tendance à l’autonomisation du commandement militaire se cristallisait dans des juntes de guerre qui montraient le pouvoir des officiers. De plus, l’étude des conceptions de l’honneur et des rapports de genre permettent de comprendre les masculinités combattantes. Des femmes eurent un rôle fondamental dans certains domaines comme la logistique et le renseignement. Hors des champs de bataille, la guerre se livrait aussi dans les pamphlets et les périodiques : tantôt machines de gloire au service de certains chefs, tantôt redoutables instruments de délégitimation ou de stigmatisation. À la fin de la guerre, le césarisme s’imposa comme l’organisation politique capable de réunir la culture guerrière, la culture constitutionnelle, et la volonté des élites d’établir un nouvel ordre social.

Mots clés: Indépendance- Révolution- Guerre- Guérilla- Colombie- Venezuela- Autorité- Amérique latine- Caudillisme-Césaris


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Publications

Articles dans des revues à comité de lecture

- « Movilizaciones subalternas y desafíos al orden colonial en Venezuela a finales del siglo XVIII », Mélanges de la Casa de Velázquez, 52-1 2022 :
https://journals.openedition.org/mcv/15914

- « Masculinité guerrière et césarisme patriarcal dans l’Indépendance du Venezuela au XIXe siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, Nº 53 : Le genre des indépendances, numéro coordonné par Capucine Boidin et Naomi Davidson, printemps 2021

- « Les indépendantistes vénézuéliens face à l’esclavage : les défis d’une révolution atlantique dans une société coloniale (1790-1830) », Astérion 24 | 2021 :
http://journals.openedition.org/asterion/573.
 
- « La Révolution caribéenne : une époque pour interpréter et comprendre un espace colonial en révolution », Tracés, n°36, « Qu’est-ce qu’une époque ? », numéro coordonné par Thomas Angeletti, Quentin Deluermoz et Juliette Galonnier, octobre 2019, p. 117-138.

- « Guerres révolutionnaires, conspirations et naissance de l’indépendantisme sud-américain. Menaces sur la souveraineté hispanique en Nouvelle-Grenade, au Venezuela et dans l’île de Trinidad (1791-1806) », Annales Historiques de la Révolution française, 2019-1, n°395, « Des Antilles aux Indes orientales, la Révolution française et la question coloniale », numéro coordonné par Bernard Gainot et Éric Saunier, mars 2019, p. 119-141.

- « Quand les cocardes étaient marronnes : la Trinité espagnole en révolution », dans Varia, Monde(s), histoire, espace, relations, 2017-2, n°12, « Maghreb-Indochine, comparaisons impériales » numéro coordonné par Christopher Goscha et Sylvie Thénault, novembre 2017, p. 221-237.

Publié suite à un colloque international :

- « La révolte de Coro : les catégories bouleversées à l’ère des révolutions (Venezuela 1795) », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Débats, « La parole et le corps – Fabrique et jeux des catégories dans les Amériques – (XVIe-XXe siècles), numéro coordonné par Nadine Béligand et Arnaud Exbalin, mis en ligne le 19 février 2019 : voir l'article

A paraître suite à un colloque international :

- « Masculinité guerrière et césarisme patriarcal dans l’Indépendance du Venezuela au XIXe siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, Nº 53 : Le genre des indépendances, numéro coordonné par Capucine Boidin et Naomi Davidson, printemps 2021

Article suite à une journée d’étude

- « Rebeliones, politización popular y nuevas formas de mando en Nueva Granada y en Venezuela 1780-1830 », Cahiers-Cuadernos del CEMCA, « Jornadas de los Jóvenes Americanistas de 2016, Particularismos y Patrimonialización en las Americas », octobre 2016.

Chapitres dans un ouvrage collectif

- « Politiques d’exception et politiques révolutionnaires dans les guerres d’Indépendance de la Colombie bolivarienne », dans Michel Biard et Jean-Numa Ducange (dir.), L’exception politique en révolution, pensées et pratiques (1789-1917), Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2019, p. 95-109.

À paraître:
« Caudillismo y cesarismo. ¿Nuevas masculinidades hegemónicas en tiempo de las Independencias? El caso de Venezuela » dans Las masculinidades en la España del siglo XIX, Editorial Universidad de Sevilla. Direction: Darina Martykanova et Marie Walin.
 

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Enseignements en 2020-2021
Attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) à Sciences Po Aix-en-Provence


Encadrement de trois mémoires de M2 et d’un mémoire de M1


Cours magistral : Histoire des empires. M2 Géostratégie, 24h de cours magistral
Cours magistral : Histoire des empires. M2 Géostratégie en alternance, 24h de cours magistral
Cours magistral : Histoire des colonisations, M1 Géostratégie, 24h de cours magistral
Cours magistral : Histoire de l’Europe 1848-1914, 1ère année : 10h de cours magistral
Travaux dirigés d’histoire des relations internationales 1918-1991, 2ème année : 60h

Méthodologie de la recherche en histoire, M1 : 10h
 

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CNRS
Paris Sorbonne
Paris Ouest Nanterre la Défense

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