L’interdisciplinarité, l’hybridité méthodologique pratiquée dans ce livre vient directement d’une volonté commune à l’ensemble des auteurs de remettre en cause les taxinomies positives trop claires qui dessinent les contours de « sociétés », de « cultures » ou de « groupes ethniques » pour mieux les ranger et les ordonner selon une logique hétéronome mais surtout muette et insidieuse.

Le parti-pris critique qui fonde ce travail repose également sur une méfiance tout aussi nette vis-à-vis des facilités d’une certaine rhétorique postmoderne. La déconstruction des classifications coloniales, des catégories ethniques ou des concepts analytiques sur lesquels sont fondées nos disciplines n’a de sens que si elle constitue le moment négatif d’une dialectique visant à dévoiler les étais implicites de ces dispositifs de savoir-pouvoir, à en découvrir les effets à la fois concrets et symboliques sur les populations concernées et à les dépasser.